Quelques lignes, une dose Elle couchait tendrement Le nom de ses amants Sur un testament rose Ne cherchant qu'une chose Prolonger un instant Le clair-obscur flamand De ses paupières mi-closes Prenez, écrivait-elle, Mes lèvres dessinées Mes souvenirs d'été Mes pensées de ficelle À vous, mes étincelles Mes faux cils en papier Mon collier de gravier Mes plaisirs de dentelle À ceux qui m'aimaient pour mes rêves À ceux qui comptaient sur mes lèvres Aux ombres avalées par la nuit À ceux qui ne m'ont rien pris Et à l'homme du lundi À vous, mon cœur qui brûle Derrière ce paravent De dragons somnolents Et de fleurs minuscules À vous, tous les velours Les odeurs de santal Et des feux de Bengale À l'heure du dernier tour À ceux qui m'aimaient pour mes rêves À ceux qui comptaient sur mes lèvres Aux ombres avalées par la nuit À ceux qui ne m'ont rien pris Et à l'homme du lundi Elle rayait un à un Les noms de ses fantômes Caressant de la paume Ces lignes sans destin Ce fut, dernière clause, Un amant de fortune Qui décrocha la une De son testament rose La femme s'endormit II ne resta plus d'elle Que l'homme du lundi