LE RENARD: Si tu veux jouer avec moi il va falloir m'apprivoiser Et créer des liens pas à pas Pour commencer à s'attacher Sinon tu n'es encore pour moi Qu'un petit garçon comme les autres Pour toi qui ne me connais pas Je ne suis qu'un renard parmi d'autres Apprivoise-moi je t'en prie Si tu as besoin d'un ami Et jusqu'à ma dernière seconde Tu resteras unique au monde Mais si tu sais m'apprivoiser Ma vie sera ensoleillée Je connaîtrai ton bruit de pas Qui m'appellera hors du terrier Et la blondeur des champs de blé Me fera souvenir de toi Enfin j'aimerai le bruit du vent Qui viendra souffler dans ces champs Apprivoise-moi je t'en prie Si tu as besoin d'un ami Et jusqu'à ma dernière seconde Tu resteras unique au monde On ne peut connaître vraiment Que les choses que l'on apprivoise Mais les hommes n'ont plus de temps De s'attarder quand ils se croisent Ils achetent des choses toutes faites Mais il n'y a pas de marchands d'amis Qui vendent de l'amitié toute prête Alors les hommes n'ont plus d'amis Apprivoise-moi je t'en prie Si tu as besoin d'un ami Et jusqu'à ma dernière seconde Tu resteras unique au monde Il nous faudra des rendez-vous Pour pouvoir s'habiller le coeur Et tous ces moments entre nous M'apprendront le prix du bonheur LE PETIT PRINCE: Que faut-il faire? LE RENARD: Il faut être patient. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, je te regarderai du coin de l'oeil... LPP: Et... R: Et tu ne diras rien. LPP: Oh... R: Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près. (Ainsi le petit prince apprivoisa le renard.) LPP: Il faut que je parte. R: Ah! Je pleurerai. LPP: C'est ta faute. Je ne te souhaitais pas de mal, mais tu as voulu que je t'apprivoise. R: Bien sûr... LPP: Mais tu vas pleurer? R: Bien sûr. LPP: Alors tu n'y gagnes rien. R: Ah, j'y gagne, à cause de la couleur du blé. Va revoir les roses et tu comprendras que la tienne est unique au monde.