C'est pas vraiment qu'ça va mal Mais depuis que j'ai quitté la Capitale pour Montréal Faut que j'sois réaliste : j'm'étale dans le dédale de mon encéphale Plus souvent que je détale en direction de mon idéal astral Astreint au train-train quotidien comme un esclave à fond d'cale J'ai l'impression que ma vie m'avale Mais sans mon aval Comme Diogène avec son fanal Je cherche un homme en moi Qui ne soit pas celui que je vois mois après mois J'sais pas c'qui va pas J'ai pourtant mes dix doigts, ma blonde à côté d'moi, un toit, j'ai même un emploi Mais chaque jour un peu plus je ploie sous le poids d'un couvercle ben vissé Au-dessus de ma tête, une sorte de cercle ben vicié Sans aspiration, j'peux pus respirer, aspiré Par la spirale d'une houle à rappel, j'me rappelle Qu'y faut que je coule encore plus profond Pour espérer remonter — si j'ai de la veine — avec la veine de fond Spleen et Montréal Comme dans le Vortex de Mistral Spleen et Montréal Ma vie m'avale en amont en aval Spleen et Montréal Comme Diogène avec son fanal Toujours en quête d'un idéal Sangsue seule et scellée dans son salon Morose, je me métamorphose Comme le cafard du cas Kafka Mon corps est comme une espèce d'insecte extrinsèque à mon cortex À peine parvenu larve À des années-lumières d'un malamute en rut, je mute En vache avachie dans son pré... sent Une sorte d'animal mou en mal de mou... vement Assis ici et là... las... las Sans cesse, hélas, enlacé par la paresse Le remords mord aux dents me dévore corps et âme Comme mon ostie d'nation Sans aucune ostination Je suis le pro de la crastination Le paresseux qui, par essence, a sué à scier ses essieux Pour justifier avoir à les réparer avant de pouvoir être paré Tant de talent latent au fond de l'étang, attendant un élan Après 2 ans, y s'rait p'têt' temps que j'me botte le... han Car quand je le veux, je peux devenir dieu Vivant, sur le qui-vive, en équi... libre comme l'air... de rien T'nez vous ben, j'm'en viens Tout comme Poséidon, je possède le don De faire frémir les flots Quand je dis « vent », vingt vagues vont de l'avant ! Mais le plus souvent, verre de vin à la main je divague en vain sur le divan Spleen et Montréal Comme dans le Vortex de Mistral Spleen et Montréal Ma vie m'avale en amont en aval Spleen et Montréal Comme Diogène avec son fanal Toujours en quête d'un idéal Spleen et Montréal Comme dans le Vortex de Mistral Spleen et Montréal Ma vie m'avale en amont en aval Spleen et Montréal Comme Diogène avec son fanal Spleen et Montréal Toujours en quête d'un idéal