Depuis qu'j'me suis cogné la tête, Depuis qu'je suis tombé de l'arbre, J'entends le pas de mon squelette, J'entends son cliquetis de sabre. "Squelette, mon ami, Veux-tu du salami ? Squelette, mon garçon, Veux-tu du saucisson ? Je comprends ton mal-être Dans l'armure de l'ancêtre, Tes soirées sont mortelles Dans l'armoire à dentelles." Alors il se débine Par la fenêtre à guillotine, La lune, astre obscène, Eclaire la scène. Je le retrouve dans mon lit En proie à la mélancolie, Je le surprends dans mon fauteuil En train d'fumer des clous d'cercueil. "Squelette, mon petit, Veux-tu des spaghettis ? Squelette, mon cousin, Veux-tu du jus d'raisin ? L'ordinaire est ingrat Dans le vieux débarras, L'ordinaire est chagrin Dans l'armoire à sapin." Alors il se débine Par la fenêtre à guillotine, La lune, astre obscène, Eclaire la scène. Mon squelette est un tendre Caché sous la cuirasse, Il ne veut plus attendre, Il veut qu'on l'embrasse. "Squelette, mon chéri, Tu es logé, tu es nourri, Squelette, tu es blanchi, Oui mais le lit n'est pas garni. Trouve-toi une amoureuse, Mais pas trop chatouilleuse, Pour jouer aux osselets Dans le placard à balais." Alors il se débine Par la fenêtre à guillotine, La lune, astre obscène, Eclaire la scène. Et sur l'épave d'une mobylette, Le voilà parti dans la nuit, Il roule comme un poulet sans tête Et tout fini dans un grand bruit. "Squelette, mon macabre, T'es rentré dans un arbre, Tu conduis comme un manche, Moi j'suis tombé d'ma branche." Mes soirées sont chagrines Dans la maison en ruine, Le puits me désespère Dans son manteau de lierre. Alors je me débine Par la fenêtre à guillotine, La lune, astre obscène, Eclaire la scène