Couverture d'azur jetée sur un grand lit La mer en longs murmures s'étale à l'infini Au loin la vague fume comme un feu qui s'allume Et lèche les grands phares emergeant du brouillard Quand le flot se déchire et se perd en soupirs Cent mille éclats de verre brillent dans la lumière Dans les plis des grands vents, la mer cache ses dents Qui taillent dans la tiole et découpent nos violes Comme un requin d'écume aux couleurs de la brume Un jour sans prévenir elle croque un navire... La nappe noire glisse a la surface lisse Echappée du bateau colle aux ailes des oiseaux Quand le flot de bitume couvre la blanche écume On sait qu'il est trop tard pour redresser la barre Et la mer en silence dérisoire vengeance Dépose tous nos rêves sur le sable des grèves On devine Neptune poing levé vers la lune Longtemps son paradis nous sera interdit Qui rêve de voyage souffre son ancrage Qui rêve de bateau pence au bel Esquillo Mais où sont les sirènes quand après le Boehlen Tant de tankers sans cœur passent près du Guéveur Et quand le vent ramène son plein de kérosène C'est colère et chagrin dans le cœur des anciens Couverture d'azur jetée sur un grand lit Dans lequel tant des nôtres se sont endormis...