Dans son vieux pardessus râpé, Il s'en allait l'hiver, l'été, Dans le petit matin frileux, Mon vieux... Y'avait qu'un dimanche par semaine, Les autres jours, c'était la graine Qu'il allait gagner comme on peut, Mon vieux... L'été, on allait voir la mer. Tu vois, c'était pas la misère, C'était pas non plus le paradis. Eh oui, tant pis... Dans son vieux pardessus râpé, Il a pris, pendant des années, Le même autobus de banlieue, Mon vieux... Le soir, en rentrant du boulot, Il s'asseyait sans dire un mot, Il était du genre silencieux, Mon vieux... Les dimanches étaient monotones, On ne recevait jamais personne. Ça ne le rendait pas malheureux, Je crois, mon vieux... Dans son vieux pardessus râpé, Les jours de paye, quand il rentrait, On l'entendait gueuler un peu, Mon vieux... Nous, on connaissait la chanson, Tout y passait: bourgeois, patron, La gauche, la droite, même le Bon Dieu. Avec mon vieux... Chez nous, y'avait pas la télé, C'est dehors que j'allais chercher, Pendant quelques heures, l'évasion. Je sais, c'est con... Dire que j'ai passé des années À coté de lui, sans le regarder. On a à peine ouvert les yeux, Nous deux... J'aurais pu, c'était pas malin, Faire avec lui, un bout de chemin Ça l'aurait peut-être rendu heureux Mon vieux... Mais quand on a juste quinze ans, On n'a pas le coeur assez grand Pour y loger toutes ces choses-là Tu vois... Maintenant qu'il est loin d'ici, En pensant à tout ça, je me dis: J'aimerai bien qu'il soit près de moi, Papa...