C’était dans un réduit, au bout d’un long couloir. Un grand adolescent dans un lit dérisoire Qui sentait la révolte et le désespoir. C’était Arthur Rimbaud quand descendait le soir. Chaque nuit nous rêvions ou d’honneurs ou de gloire En buvant du poison, pour tromper les miroirs Qui renvoyaient de nous l’image à ne pas voir: Deux pauvres chats mouillés qui vont à l’abattoir. C’était dans un réduit, c’était dans un miroir. Le jour nous étions morts, nous attendions le soir Pour inventer la vie, tuer le désespoir Deux enfants démunis, deux ames dérisoires. Pour contourner l’ennui, éviter l’abattoir, Il jouait les Rimbaud au fa?te de la gloire. Je n’étais pas Verlaine et ne voulais rien voir, J’étais celui qui aime au bout d’un long couloir. C’était Arthur Rimbaud quand descendait le soir. Je n’était pas Verlaine et ne voulais rien voir.