L’encrier ouvert Translator: émile jeune: Maman... maman rode au salon.. Dans le salon, maman rode. émile vieux:Ne r?dez pas ainsi. Ne l’espionnez pas. Laissez-le. Il travaille. Il s’est approché de sa table, près de la fenêtre. Il a regardé dehors. Le soleil se meurt au centre de la croisée. Il a ouvert son encrier. Il a fouillé dans ses papiers. Il a trouvé un poème inachevé qu’il relit. Il repousse la feuille Il est préoccupé. Il sait que quelque chose se prépare. Regardez, émilie, regardez, un poème va naitre. émile jeune:Ah! L’état qui m’habite chaque fois que je prends la plume... émile vieux:Ah! L’exaltation... émile jeune:La certitude... émile vieux:Le doute... émile jeune:La certitude que quelque chose se passe en moi et que tout à l’heure je pourrai mettre en mots l’encrier ouvert, la page blanche...et moi... émile vieux:fou d’inquiétude... émile jeune:fou d’exaltation... ma main qui dessine des lettres, des mots, des vers... La joie de créer, c’est la vie! C’est ma vie! Tout se mêle en vif éclat de gaité verte. Oui, c’est ca, ma ga?té est verte, verte comme après un coucher de soleil.. il fait si beau! le beau soir de mai!... Un mariage d’oiseau traverse ma fenêtre! C’est un signe! Mon ame s’envole! Mon ame s’envole! “Tous les oiseaux en choeur Ainsi que les espoirs naguères à mon coeur Modulent leur prélude à ma croisée ouverte J’écris! J’écris et le monde change! J’écris et tout devient beau! Tout devient beau! Ma douleur de vivre, ma peur... Tout se confond! Je survole la rue Laval Je survole Montréal. Je suis un jet d’eau qui transmet la vie! Mais qui veut de moi? Qui veut de ma joie Qui veut de ma douleur émile vieux:C’est le régne du rire amer et de la rage De se savoir poète et l’objet du mépris De se savoir un coeur et de n’être compris Que par le clair de lune et les grands soirs d’orage!” émilie:Il faudrait pouvoir l’arrêter! Il faudrait pouvoir le convaincre d’arrêter avant qu’il ne soit trop tard! Il tient son manuscrit à bout de bras. émile jeune:J’existe! Maman, j’existe! J’existe, maman, j’existe!