Jacques Brel / Gérard Jouannest Se tiennent par la main et marchent en silence Dans ces villes éteintes que le crachin balance Ne sonnent que leurs pas, pas à pas fredonnés Ils marchent en silence, les désespérés Ils ont brûlé leurs ailes, ils ont perdu leurs branches Tellement naufragés que la mort paraît blanche Ils reviennent d’amour, ils se sont réveillés Ils marchent en silence, les désespérés Et je sais leur chemin pour l’avoir cheminé Déjà plus de cent fois, cent fois plus qu’à moitié Moins vieux ou plus meurtris, ils vont le terminer Ils marchent en silence, les désespérés Lente sous le pont l’eau est douce et profonde Voici la bonne hôtesse, voici la fin du monde Ils pleurent leurs prénoms comme de jeunes mariés Et fondent en silence, les désespérés Que se lève celui qui leur lance la pierre Ils ne sait de l’amour que le verbe “s’aimer” Sur le pont n’est plus rien, qu’une brume légère Ça s’oublie en silence, ceux qui ont espéré